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ASCANIO.

dinairement fort exigeant ; et puis elle était si franchement et si naïvement heureuse, qu’elle répandait sa bonne humeur autour d’elle, et qu’on se sentait joyeux de la voir joyeuse.

Pour son histoire, c’est une vieille histoire sur laquelle nous reviendrons peut-être : orpheline et sortie du peuple, on avait abandonné son enfance à l’aventure ; mais Dieu la protégea. Destinée à être un plaisir pour tous, elle rencontra un homme pour qui elle devint un bonheur.

Ces nouveaux personnages posés, reprenons notre récit où nous l’avons laissé.

— Ah ! çà, d’où arrives-tu, coureur ? dit le maître à Ascanio.

— D’où j’arrive ? j’arrive de courir pour vous, maître.

— Depuis le matin ?

— Depuis le matin.

— Dis plutôt que tu te seras mis en quête de quelque aventure.

— Quelle aventure voulez-vous que je poursuive, maître ? murmura Ascanio.

— Que sais-je, moi ?

— Eh bien ! quand cela serait, voyez le grand mal ! dit Scozzone. D’ailleurs il est assez joli garçon s’il ne court pas après les aventures pour que les aventures courent après lui.

— Scozzone ! interrompit le maître en fronçant le sourcil.

— Allons, allons, n’allez-vous pas être jaloux de celui-ci encore, pauvre cher enfant ! Et elle releva le menton d’Ascanio avec la main. Eh bien ! il ne manquerait plus que cela. Mais, Jésus ! comme vous êtes pâle ! Est-ce que vous n’auriez pas soupé, monsieur le vagabond ?

— Tiens, non, s’écria Ascanio ; je l’ai oublié.