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ASCANIO.

esprit, je vous le conseille, de ne pas la laisser échapper, et faites en sorte que je n’aie pas besoin d’avoir recours à d’autres que vous. Vicomte de Marmagne, il vous faut des paroles nettes. Je vous garantis la même impunité qu’au bourreau ; seulement, si vous voulez que je vous donne un avis, je vous engage, vous et vos sbires, à renoncer à l’épée et à vous en tenir au poignard. C’est bon, ne parlez pas, agissez et promptement : c’est la meilleure réponse. Adieu, messieurs.

Ces mots dits d’une voix brève et saccadée, la duchesse étendit le bras comme pour montrer la porte aux deux seigneurs. Ils s’inclinèrent gauchement, sans trouver dans leur confusion, une excuse et sortirent tout interdits.

— Oh ! n’être qu’une femme et avoir besoin de pareils lâches ! dit Anne en les regardant s’éloigner, tandis que ses lèvres se contractaient avec dégoût. Oh ! combien je méprise tous ces hommes, amant royal, mari vénal, valet en pourpoint, valet en livrée, tous, hormis un seul que malgré moi j’admire, et un autre qu’avec bonheur j’aime.

Elle entra dans la chambre où se trouvait le beau malade. Au moment où la duchesse s’approchait de lui, Ascanio rouvrit les yeux.

— Ce n’était rien, dit maître André à madame d’Étampes. Ce jeune homme a reçu une blessure à l’épaule, et la fatigue, quelque secousse de l’âme, peut-être même la faim, a causé un évanouissement momentané que des cordiaux ont, vous le voyez, dissipé complètement. Il est maintenant tout à fait remis, et supportera bien d’être transporté chez lui en litière.

— Il suffit, maître, dit la duchesse en donnant une bourse à maître André, qui la salua profondément et sortit.