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ASCANIO.

— OÙ suis-je ? dit Ascanio, qui, revenu à lui, cherchait à renouer ses idées.

— Vous êtes près de moi, chez moi, Ascanio, dit la duchesse.

— Chez vous, madame ? ah ! oui, je vous reconnais, vous êtes madame d’Étampes ; et je me souviens aussi !… Où est Benvenuto ? où est mon maître ?

— Ne bougez pas, Ascanio ; votre maître est en sûreté, soyez tranquille ; il dîne paisiblement chez lui à l’heure qu’il est.

— Mais comment se fait-il qu’il m’ait laissé ici ?

— Vous avez perdu connaissance, il vous a confié à mes soins.

— Et vous m’assurez bien, madame, qu’il ne court aucun danger, qu’il est sorti d’ici sans dommage ?

— Je vous répète, je vous affirme, Ascanio, qu’il n’a jamais été moins exposé qu’en ce moment, entendez-vous. Ingrat, que je veille, que je soigne, moi, duchesse d’Étampes, avec la sollicitude d’une sœur, et qui ne me parle que de son maître !

— Oh ! madame, pardon et merci ! fit Ascanio.

— Il est bien temps, vraiment ! dit la duchesse en secouant sa jolie tête avec un fin sourire.

Et alors madame d’Étampes se mit à parler, accompagnant chaque parole d’une intonation tendre, prêtant aux mots les plus simples les intentions les plus délicates, faisant chaque question avec une sorte d’avidité et en même temps de respect, écoutant chaque réponse comme si sa destinée en eût dépendu. Elle fut humble, moelleuse et caressante comme une chatte, prête et attentive à tout, ainsi qu’une bonne actrice en scène, ramenant doucement As-