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ASCANIO.

me les transformer, mon gentil magicien ? Tenez, voulez-vous que je vous dise une idée que j’ai ? Tout à l’heure, en vous voyant étendu dans cette chambre, pâle et la tête abandonnée, je m’imaginais voir un beau lis dont le vent incline la tige. Eh bien ! faites-moi un lis de perles et d’argent que je porterai à mon corsage, fit l’enchanteresse en posant la main sur son cœur.

— Ah ! madame, tant de bonté…

— Ascanio, voulez-vous reconnaître cette bonté, comme vous le dites ? Promettez moi de me prendre pour confidente, pour amie, de ne rien me cacher de vos actions, de vos projets, de vos chagrins, car je vois bien que vous êtes triste. Promettez de venir à moi quand vous aurez besoin d’aide et de conseils.

— Mais c’est une grâce nouvelle que vous me faites et non un témoignage de reconnaissance que vous me demandez.

— Enfin, me le promettez-vous ?

— Hélas ! je vous l’aurais promis hier encore, madame ; encore hier j’aurais pu m’engager envers votre générosité à avoir besoin d’elle : aujourd’hui il n’est plus au pouvoir de personne de me servir.

— Qui sait ?

— Je le sais, moi, madame.

— Ah ! vous souffrez, vous souffrez, je vois bien, Ascanio.

Ascanio secoua tristement la tête.

— Vous êtes dissimulé avec une amie, Ascanio ; ce n*est pas bien, ce n’est pas bien, continua la duchesse en prenant la main du jeune homme et la serrant doucement.

— Mon maître doit être inquiet, madame, et j’ai peur de