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ASCANIO.

— Je pense que tu t’abuses.

— Ainsi, à votre avis, on ne peut plus m’aimer ?

— Je ne dis pas cela.

— Vous le pensez ?

Benvenuto sourit, car il vit qu’il avait trouvé le moyen de faire parler Catherine.

— On m’aime cependant, voilà la vérité, reprit Scozzone.

Benvenuto fit un nouveau signe de doute.

— On m’aime plus que vous ne m’avez jamais aimée, plus que vous ne m’aimerez jamais, entendez-vous bien, monsieur ?

Benvenuto éclata de rire.

— Je serais curieux, dit-il, de savoir quel est ce beau Médor.

— Il ne s’appelle pas Médor, répondit Catherine.

— Comment s’appelle-t-il donc ? — Amadis ?

— Il ne s’appelle pas Amadis non plus. Il s’appelle…

— Galaor ?

— Il s’appelle Pagolo, puisque vous voulez le savoir.

— Ah ! ah ! c’est mons Pagolo ! murmura Cellini.

— Oui, c’est mons Pagolo, reprit Scozzone blessée du ton méprisant avec lequel Cellini avait prononcé le nom de son rival, un brave garçon de bonne famille, rangé, peu bruyant, religieux, et qui ferait un excellent mari.

— C’est ton opinion, Scozzone !

— Oui, c’est mon opinion.

— Et tu ne lui as jamais donné aucune espérance ?

— Je ne l’écoutais même pas. Oh ! j’étais bien sotte ! Mais, désormais…