Page:Dumas, Ascanio, 1860.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
247
ASCANIO.

— Même ici ? interrompit Benvenuto.

— Oui, ici, ici même, entendez-vous ?

— Scozzone, s’écria Benvenuto, ce n’est pas quelqu’un de mes compagnons, je l’espère, qui aurait osé outrager son maître à ce point !

— Il m’épouserait, celui-là, si je voulais, poursuivit Scozzone, qui attribuait à une recrudescence d’amour le mouvement de colère de Cellini.

— Scozzone, parlez ! quel est l’insolent ?… Ce n’est pas Ascanio, je l’espère.

— Il y en a un qui m’a dit plus de cent fois : Catherine, le maître vous abuse ; il ne vous épousera jamais, vous si bonne et si jolie : il est trop fier pour cela. Oh ! s’il vous aimait comme je vous aime, ou si vous vouliez m’aimer, moi, comme vous l’aimez !

— Le nom, le nom du traître ! s’écria Benvenuto furieux.

— Mais je ne l’écoutais seulement pas, reprit Scozzone enchantée ; au contraire, toutes ses douces paroles étaient perdues, et je le menaçais de tout vous dire s’il continuait. Je n’aimais que vous, j’étais aveugle, et le galant en était pour ses beaux discours et ses doux yeux. Oui, prenez votre air indifférent, faites semblant de ne pas me croire ; ce n’en est pas moins vrai, cependant.

— Je ne te crois pas, Scozzone, dit Benvenuto, qui vit bien que s’il voulait savoir le nom de son rival il lui fallait employer un moyen tout différent de celui qu’il avait tenté jusqu’alors.

— Comment, vous ne me croyez pas ! s’écria Scozzone interdite.

— Non.

— Vous pensez donc que je mens ?