Page:Dumas, Ascanio, 1860.djvu/261

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
253
ASCANIO.

même tout seul, à l’heure qu’il est, attendu que les compagnons sont allés se réjouir à Vanvres. Je devais même aller faire aujourd’hui une partie de paume avec lui, ce cher Benvenuto. Malheureusement Gervaise s’est trouvée en concurrence avec mon grand orfèvre, et naturellement, comme vous comprenez bien, j’ai donné la préférence à Gervaise.

— En ce cas, je vais vous remplacer, dit Marmagne,

— Eh bien ! allez-y, vous ferez une action méritoire ; allez-y, mon cher vicomte, et dites de ma part à mon ami Benvenuto qu’il aura ma visite ce soir. Vous savez : trois coups un peu forts, c’est le signal. Il a adopté cette précaution à cause de ce grand escogriffe de Marmagne, qu’il suppose disposé à lui jouer quelque mauvais tour. Est-ce que vous le connaissez, ce vicomte de Marmagne ?

— Non.

— Ah ! tant pis ! vous m’auriez donné son signalement.

— Pourquoi faire ?

— Afin, si je le rencontre, de lui proposer une partie de bâton ; je ne sais pas pourquoi, mais sans jamais l’avoir vu, vous saurez, mon cher, que je l’abomine tout particulièrement, votre Marmagne, et que si jamais il me tombe sous la main, je compte le vergeter de la bonne façon. Mais pardon, nous voilà aux Augustins, et je suis forcé de vous quitter. — Ah ! à propos, comment vous nommez-vous, mon cher ?

Le vicomte s’éloigna comme s’il n’avait point entendu la question.

— Ah ! ah ! dit Jacques Aubry, le regardant s’éloigner ; il paraît, mon cher vicomte, que nous désirons garder l’incognito : voilà de la plus pure chevalerie ou je ne m’y