Page:Dumas, Ascanio, 1860.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
252
ASCANIO.

— Son plus intime, vicomte, et je m’en fais gloire. Entre nous, c’est à la vie, à la mort, voyez-vous. Vous le connaissez sans doute aussi, vous ?

— Oui.

— Vous êtes bien heureux. Un génie sublime, n’est-ce pas, mon cher ! Pardon, je vous dis : Mon cher, c’est façon de parler, et puis d’ailleurs je crois que je suis gentilhomme aussi, moi ; ma mère du moins le disait à mon père chaque fois qu’il la battait. Je suis donc, comme je vous le disais, l’admirateur, le confident, le frère, du grand Benvenuto Cellini, et par conséquent ami de ses amis, ennemi de ses ennemis, car il ne manque pas d’ennemis mon sublime orfèvre. D’abord madame d’Etampes, puis le prévôt de Paris, un vieux cuistre ; puis un certain Marmagne, un grand flandrin que vous connaissez peut-être, et qui veut, à ce que l’on dit, s’emparer du Grand-Nesle. Ah ! pardieu ! il sera bien reçu !

— Benvenuto se doute donc de ses prétentions ? demanda Marmagne, qui commençait à prendre un grand intérêt à la conversation de l’écolier.

— On l’a prévenu ; mais… chut ! il ne faut pas le dire, afin que le susdit Marmagne reçoive la correction qu’il mérite.

— D’après ce que je vois, alors, Benvenuto se tient sur ses gardes ? reprit le vicomte.

— Sur ses gardes ? d’abord Benvenuto y est toujours. Il a manqué je ne sais combien de fois d’être assassiné dans son pays, et. Dieu merci ! il s’en est toujours bien tiré.

— Et qu’entendez-vous pas sur ses gardes ?

— Oh ! je n’entends pas qu’il a garnison, comme ce vieux poltron de prévôt ; non, non, au contraire : il est