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ASCANIO.

III.

DÉDALE.

Benvenuto se retira avec lui assez inquiet, non pas des trois blessures qu’il avait reçues, elles étaient toutes trois trop légères pour qu’il s’en occupât, mais de ce qui allait se passer. Il avait déjà tué, six mois auparavant, Guasconti, le meurtrier de son frère, mais il s’était tiré de cette mauvaise affaire grâce à la protection du pape Clément VII ; d’ailleurs cette mort n’était qu’une espèce de représailles ; mais cette fois le protecteur de Benvenuto était trépassé et le cas devenait autrement épineux.

Le remords, bien entendu, il n’en fut pas un seul instant question.

Que nos lecteurs ne prennent pas pour cela le moins du monde une mauvaise idée de notre digne orfèvre, qui, après avoir tué un homme, qui après avoir tué deux hommes, et qui même en cherchant bien dans sa vie après avoir tué trois hommes, redoute fort le guet, mais ne craint pas une minute Dieu.

Car cet homme-là, en l’an de grâce 1540, c’est un homme ordinaire, un homme de tous les jours, comme disent les Allemands. Que voulez-vous ? on se souciait si peu de