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ASCANIO.

giée dans sa guérite. Or, comme les sentinelles qui montaient la garde sur le château Saint-Ange étaient placées là, non pas pour inspecter la plate-forme, mais pour plonger dans le fossé et explorer la campagne, le côté fermé de la guérite était justement placé en face de l’escalier par lequel sortait Benvenuto Cellini.

Benvenuto Cellini s’avança en silence, en se traînant sur ses pieds et sur ses mains, vers le point de la plate-forme, le plus éloigné de la guérite. Là, il attacha un bout de sa bande à une brique antique scellée dans le mur et qui saillait de six pouces à peu près, puis se jetant à genoux une troisième fois :

— Seigneur ! Seigneur ! murmura-t-il, aidez-moi, puisque je m’aide.

Et cette prière faite, il se laissa glisser en se suspendant par les mains, et, sans faire attention aux écorchures de ses genoux et de son front, qui de temps en temps éraflaient la muraille, il se laissa glisser jusqu’à terre.

Lorsqu’il sentit le sol sous ses pieds, un sentiment de joie et d’orgueil infini inonda sa poitrine. Il regarda l’immense hauteur qu’il avait franchie, et en la regardant, il ne put s’empêcher de dire à demi-voix : « Me voilà donc libre ! » Ce moment d’espoir fut court.

Il se retourna et ses genoux fléchirent : devant lui s’élevait un mur récemment bâti, un mur qu’il ne connaissait pas : il était perdu.

Tout sembla s’anéantir en lui, et, désespéré, il se laissa tomber à terre ; mais en tombant il se heurta à quelque chose de dur : c’était une longue poutre ; il poussa une légère exclamation de surprise et de joie : il était sauvé !

Oh ! l’on ne sait pas tout ce qu’une minute de la vie hu-