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ASCANIO.

maine peut contenir d’alternatives de joie et d’espérance.

Benvenuto saisit la poutre comme un naufragé saisit le mât qui doit le soutenir sur l’eau. Dans une circonstance ordinaire, deux hommes eussent eu de la peine à la soulever ; il la traîna vers le mur, la dressa contre lui.

Puis à la force des mains et des genoux il se hissa sur le faîte du mur, mais arrivé là, la force lui manqua pour tirer la poutre à lui et la faire passer de l’autre côté.

Un instant il eut le vertige, la tête lui tourna, il ferma les yeux, et il lui sembla qu’il se débattait dans un lac de flammes.

Tout à coup il songea à ses bandes de toile tressées, à l’aide desquelles il était descendu de la plate-forme. Il se laissa glisser le long de la poutre et courut à l’endroit où il les avait laissées pendantes, mais il les avait si bien attachées par l’extrémité opposée qu’il ne put les arracher de la brique qui les retenait.

Benvenuto se suspendit en désespéré à l’extrémité de ces bandes, tirant de toutes ses forces et espérant les rompre. Par bonheur, une des quatre nœuds qui les attachaient les unes aux autres glissa, et Benvenuto tomba à la renverse entraînant avec lui un fragment de cordage d’une douzaine de pieds.

C’était tout ce qu’il lui fallait : il se releva bondissant et plein de forces nouvelles, remonta de nouveau à sa poutre, enjamba une seconde fois le mur, et à l’extrémité de la solive il attacha la bande de toile.

Arrivé au bout, il chercha vainement la terre sous ses pieds ; mais en regardant au-dessous de lui il vit le sol à six pieds à peine : il lâcha la corde et se trouva à terre.

Alors il se coucha un instant. — Il était épuisé, ses jam-