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ASCANIO.

L’adresse comme tous les autres dons vient de Dieu, et j’ai usé de mon adresse.

— Mais j’ignorais vraiment que vous m’eussiez déjà rendu un service pareil, dit le roi, service que d’ailleurs ma sœur Marguerite aura de la peine à vous pardonner. Ah ! c’est vous qui avez tué le connétable de Bourbon ? Et comment cela s’est-il passé ?

— Mon Dieu ! de la façon la plus simple. L’armée du connétable était arrivée à l’improviste devant Rome et donnait l’assaut aux remparts. J’allai, avec quelques amis, pour voir. En sortant de chez moi, j’avais machinalement pris mon arquebuse sur l’épaule. En arrivant sur le mur, je vis qu’il n’y avait rien à faire. Il ne faut pourtant pas, dis-je, que je sois venu pour si peu. Alors, dirigeant mon arquebuse vers l’endroit où je voyais un groupe de combattans plus nombreux et plus serrés, je visai précisément celui que je voyais dépasser les autres de la tête. Il tomba, et tout à coup un grand tumulte se fit, causé par ce coup que j’avais tiré. J’avais tué, en effet, Bourbon. C’était, comme on a su depuis, celui qui était plus élevé que les autres.

Pendant que Benvenuto faisait ce récit avec une parfaite insouciance, le cercle des dames et des seigneurs s’était un peu élargi autour de lui, et tous considéraient avec respect et presque avec effroi le héros sans le savoir. François Ier seul était resté aux côtés de Cellini.

— Ainsi, mon très cher, lui dit-il, je vois qu’avant de me consacrer votre génie vous m’avez prêté votre bravoure.

— Sire, reprit gaîment Benvenuto, je crois, tenez, que je suis né votre serviteur. Une aventure de ma première en-