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ASCANIO.

et nul n’atteindra à sa poésie exquise et à sa grâce choisie. Avec Pagolo j’ai quatre bras, avec Ascanio j’ai deux âmes ; et puis il m’aime, et je suis bien heureux d’avoir auprès de moi un cœur pur et dévoué comme le sien.

Pendant que son maître parlait ainsi, Ascanio se tenait debout près de lui, modestement mais sans embarras, dans une attitude pleine d’élégance, et madame d’Étampes ne pouvait détacher ses regards du jeune et charmant Italien aux yeux et aux cheveux noirs, et qui semblait une copie vivante de l’Apollino.

— Si Ascanio, dit-elle, s’entend si bien aux choses gracieuses et qu’il veuille passer à mon hôtel d’Étampes un matin, je lui fournirai des pierreries et de l’or dont il pourra me faire épanouir quelque fleur merveilleuse.

Ascanio s’inclina avec un doux regard de remercîment.

— Et moi, dit le roi, je lui assigne, ainsi qu’à Pagolo, cent écus d’or par an.

— Je me charge de leur faire bien gagner cet argent, sire, dit Benvenuto.

— Mais quelle est donc cette belle enfant aux longs cils qui se cache dans ce coin ? dit François Ier en apercevant Scozzone pour la première fois.

— Oh ! ne faites pas attention, sire, répondit Benvenuto en fronçant le sourcil : c’est la seule des belles choses de cet atelier que je n’aime pas qu’on remarque.

— Ah ! vous êtes jaloux, mons Benvenuto ?

— Mon Dieu ! sire, je n’aime pas que l’on touche à mon bien ; soit dit sans comparaison, c’est comme si quelqu’un s’avisait de penser à madame d’Étampes : vous seriez furieux, sire. Scozzone, c’est ma duchesse, à moi.

La duchesse, qui contemplait Ascanio, interrompue ainsi