Page:Dumas - Œuvres - 1838, vol.2.djvu/291

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CAROLINE.

Je crains de le quitter.

DA SYLVA.

Malheureuse ! tu l’aimes donc bien ?

CAROLINE.

Comme j’aime le jour, comme j’aime la vie, comme j’aime Dieu…

DA SYLVA.

Mais c’est l’enfer… Viens !

CAROLINE.

Et mon enfant, mon pauvre enfant !

LE DOCTEUR.

Malheureuse mère !

DA SYLVA.

Le docteur l’élèvera.

LE DOCTEUR.

Je reçois votre missioo du ciel, il sera mon fils.

CAROLINE, résistant.

Oh ! je ne veux pas me séparer de mon enfant ! On ne sépare pas une mère de son fils. Dieu le lui a donné pour qu’elle le nourrisse de son lait. Oh ! laissez-moi du moins emporter mon enfant !

DA SYLVA.

Impossible !

CAROLINE.

J’appellerai au secours, mon père ; et tout ce qui aura un cœur me secourra, quand je dirai : Oh ! voyez, voyez, c’est une mère qui pleure pour qu’on lui laisse son enfant qu’elle a à peine vu, à peine embrassé.

DA SYLVA, aux agents.

Messieurs, aidez-moi.

(Il veut emporter Caroline.)
ANNA et le DOCTEUR.

Pitié ! pitié pour elle !

ROBERTSON, lui appuyant la main sur l’épaule.

Laissez là cette jeune femme !

CAROLINE.

Oh ! mon père ! mon Robertson !

DA SYLVA.

Ton Robertson !… Eh bien ! venez tous, et que tout le monde connaisse ton Robertson… À bas ce masque ! — (Il le lui arrache.) Regarde ! c’est…

LE DOCTEUR, aux personnes qui s’avancent.

Oh ! messieurs ! messieurs !

ROBERTSON.

Silence ! au nom de votre fille et pour votre fille !

(Il remet promptement son masque ; le public a seul eu le temps
de voir son visage.)
DA SYLVA.

Tu as raison ;… qu’elle seule te connaisse !… Cet homme…

CAROLINE, avec anxiété.

Eh bien !

DA SYLVA.

C’est le bourreau !

CAROLINE.

Ah !

(Elle tombe évanouie.)
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