Page:Dumas - Œuvres - 1838, vol.2.djvu/318

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RICHARD.

Elle refusera.

TOMPSON.

Vous la forcerez.

RICHARD.

Les moyens ?

TOMPSON.

Nous en trouverons.

RICHARD.

Et quand veut-on la réponse ?

TOMPSON.

Demain soir.

RICHARD.

Il faut se hâter.

TOMPSON.

Profiter du séjour à Londres de M. Mawbray, qui vous livre ainsi mistress Richard, sans appui, sans conseil !

RICHARD.

Attends un instant.

(Il s’approche de la table pour écrire ; Mawbray paraît.)


Scène IX.

MAWBRAY, RICHARD, TOMPSON.

MAWBRAY, à part.

J’ai vu partir cet homme.

TOMPSON, à mi-voix à Richard, en s’approchant de lui.

Encore Mawbray !

RICHARD, continuant d’écrire.

Qu’importe ?

MAWBRAY.

J’ai voulu te voir encore, Richard ; que dois-je répondre à Jenny ?

RICHARD.

Mon cher Mawbray, attendez jusqu’à demain soir ; j’ai besoin de ce délai.

MAWBRAY.

Vous le voulez ?

RICHARD.

Je vous en prie. — (À Tompson.) Dans une heure nous partons.

(Il sort.)


Scène X.

Les précédents, excepté RICHARD ; DA SYLVA.
MAWBRAY, qui l’a entendu.

Que dit-il ? il part ! Je ne sais quelle crainte me serre le cœur.

(Da Sylva rentre précipitamment et va ouvrir les rideaux.)
LE SPEAKER, dans la chambre.

La parole est à sir Richard pour répondre à monsieur le ministre des finances.

(Tumulte dans la chambre, voix confuses : La parole est à sir Richard ! Silence ! écoutez !)
DA SYLVA.

Que va-t-il dire !

RICHARD, dans la chambre.

Je renonce à la parole.

DA SYLVA.

Le premier pas est fait.

TOMPSON.

Il n’y que celui-là qui coûte.

(Le marquis et Thompson sortent.)
MAWBRAY, seul.

Vertueuse Anna Grey, as-tu donc seule connu Richard !


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QUATRIÈME TABLEAU.
Le théâtre change et représente la chambre de Jenny dans une maison de campagne isolée. Jenny paraît sur un balcon. On aperçoit la cime seule des arbres, et l’on doit deviner qu’au-dessous est une immense profondeur.


Scène XI.

JENNY, seule.

Encore un jour tout entier passé à attendre vainement à cette fenêtre, à compter les flots du torrent qui se précipitent dans le gouffre ; ainsi font les heures de ma vie ! Oh ! Richard !… Richard !… Si ma pauvre mère était là du moins… oh ! le cœur d’une mère… c’est là que s’est réfugié le don de la double vue. Elle seule avait prévu mon isolement, mon abandon ; elle avait deviné Richard.