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HENRI.

Ils seront les bienvenus, ma mère. Messieurs, prenez vos places. D’Épernon, la tienne est devant cette table ; c’est toi qui seras notre secrétaire, en l’absence de Morvilliers.

CATHERINE.

Surtout… sire.

HENRI.

Soyez tranquille, ma mère, soyez tranquille.


Scène IV.


Les précédents ; LE DUC DE GUISE.
HENRI.

Entrez, mon beau cousin, entrez. Nous avions songé d’abord à faire dresser, nous-même, l’acte de reconnaissance que nous vous avions promis ; mais nous avons pensé que celui que M. d’Humières a fait signer aux nobles de Péronne et de Picardie serait ce qu’il y aurait de mieux ; quant à la nomination du chef, un article au bas du premier suffira, et déjà vous avez sans doute quelques idées pour sa rédaction ?

LE DUC DE GUISE.

Oui, sire, je m’en suis occupé. J’ai voulu épargner à Votre Majesté la peine… l’ennui…

HENRI.

Vous êtes bien aimable, mon cousin ; veuillez donner cet acte à M. le baron d’Épernon ; lisez-le-nous à haute et intelligible voix, baron. Or, écoutez, messieurs.

D’ÉPERNON, Lisant.

Association faite entre les princes, seigneurs, gentilshommes et autres, tant de l’état ecclésiastique que de la noblesse et du tiers état, sujets et habitants du pays de Picardie.
xxxxPremièrement.

HENRI.

Attends, d’Épernon. Messieurs, nous connaissons tous cet acte, dont je vous ai montré copie ; il est donc inutile de lire les dix-huit articles dont il se compose : passez à la fin, et vous, monsieur le duc, approchez et dictez vous-même. Réfléchissez qu’il s’agit de nommer un chef à une grande association ! Il faut donc que ce chef ait de grands pouvoirs… Enfin, mon beau cousin, faites comme pour vous.

LE DUC DE GUISE.

Je vous remercie de votre confiance, sire, vous serez content.

SAINT-MÉGRIN.

Que faites-vous, sire ?…

HENRI.

Laisse-moi.

LE DUC DE GUISE, dictant.

1. L’homme que Sa Majesté honorera de son choix devra être issu d’une maison souveraine, digne de l’amour et de la confiance des Français par sa conduite passée et sa foi en la religion catholique.

2. Le titre de lieutenant général du royaume de France lui sera octroyé, et les troupes mises à sa disposition.

3. Comme ses actions auront pour but le plus grand bien de la cause, il ne devra en rendre compte qu’à Dieu et à sa conscience.

HENRI.

Très-bien !

SAINT-MÉGRIN.

Bien !… et vous pouvez approuver de semblables conditions, sire… revêtir un homme d’une pareille puissance !

HENRI.

Silence !

JOYEUSE.

Mais, sire…

HENRI.

Silence, messieurs ; nous désirons, entendez-vous ? nous désirons positivement que, quel que soit le choix que nous allons faire, il vous soit agréable. Mon cousin, donnez-leur donc, en bon et loyal sujet, un exemple de soumission. Vous êtes le premier de mon royaume après moi, mon beau cousin, et, dans ce cas surtout, vous êtes intéressé à ce qu’on m’obéisse.

LE DUC DE GUISE.

Sire, je reconnais d’avance pour chef de la Sainte-Union celui que vous allez désigner ; et je regarderai comme rebelle quiconque osera braver ses ordres.

HENRI.

C’est bien, monsieur le duc. Écris, d’Épernon. — (Se levant de son trône.) Nous, Henri de Valois, roi de France et de Pologne, approuvons, par le présent acte rédigé par notre féal et amé cousin Henri de Lorraine, duc de Guise, l’association connue sous le nom de la Sainte-Union… et, de notre autorité, nous nous en déclarons le chef.

LE DUC DE GUISE.

Comment !…

HENRI.

En foi de quoi, nous l’avons fait revêtir de notre sceau royal — (Descendant du trône et prenant la plume.) et l’avons signé de notre main, Henri. — (Passant la plume au duc de Guise.) À vous, mon cousin : à vous qui êtes le premier du royaume après moi… Eh bien, vous hésitez ! Croyez-vous que le