Aller au contenu

Page:Dumas - Isaac Laquedem, 1853, tome 5.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 169 —

à demander… Cependant, si cela vous dérangeait trop de votre chemin, prenez Apollonius sur votre dos, et je traverserai le fleuve tout seul.

— Ne tente pas cela, étranger ! dit le centaure. Les eaux du Penée sont profondes et rapides, et pourraient, fusses-tu aussi bon nageur que Léandre, rouler ton cadavre à la mer !

— Chiron, dit Isaac avec un sourire mélancolique, j’ai traversé des fleuves plus rapides et des mers plus profondes que le Penée, et ni mers ni fleuves n’ont rien pu contre moi : je suis immortel !

Chiron regarda le Juif avec une extrême compassion.

— Tu es homme et immortel à la fois ? dit-il ; je te plains !… Moi aussi, j’ai été immortel, et, aujourd’hui, j’ai le bonheur de n’être plus qu’une ombre !