Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 1.djvu/111

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si nobles et si purs, et tourbillonna en reflets d’or dans ses yeux tout grands ouverts.

Au milieu de la chambre, Gilbert put entrevoir l’étranger, debout, l’œil fixe, le front plissé, et la main étendue avec le geste du commandement.

Puis la porte se referma.

Gilbert sentit ses forces défaillir. Une de ses mains lâcha la rampe, l’autre se porta à son front brûlant ; il tourna sur lui-même comme une roue sortie de l’essieu, et tomba étourdi sur la pierre froide de la première marche, l’œil encore attaché sur cette porte maudite par laquelle venait de s’engloutir tout le rêve passé, tout le bonheur présent, toute l’espérance de l’avenir.


IX

LA VOYANTE.


Balsamo vint au-devant de la jeune fille qui était entrée ainsi chez lui sans se déranger de la ligne directe, ferme dans sa marche comme la statue du Commandeur.

Si étrange que fût cette apparition pour tout autre que Balsamo, elle ne parut point surprendre celui-ci.

— Je vous ai commandé de dormir, dormez-vous ?

Andrée poussa un soupir, mais ne répondit point.

Balsamo s’approcha de la jeune fille, et la chargea d’une plus grande quantité de fluide.

— Je veux que vous parliez, dit-il.

La jeune fille tressaillit.

— Avez-vous entendu ce que j’ai dit ? demanda l’étranger.

Andrée fit signe que oui.

— Pourquoi ne parlez-vous point alors ?

Andrée porta la main à sa gorge, comme pour exprimer que les paroles ne pouvaient point se faire jour.