Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 1.djvu/257

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étage, une jeune innocente, à laquelle il n’a pas honte de compter une misérable somme de trois cents livres tous les 30 du mois.

— Madame, c’est une belle action que vous voulez ternir.

— On ne ternit que celles-là. 2° M. de Sartines, déguisé en révérend père de la mission, et s’introduisant dans le couvent des Carmélites de la rue Saint-Antoine.

— Madame, j’apportais à ces bonnes sœurs des nouvelles d’orient.

— Du petit ou du grand ? 3° M. de Sartines, déguisé en lieutenant de police, et courant les rues à minuit, dans un fiacre, en tête à tète avec la duchesse de Grammont.

— Ah ! madame, dit monsieur de Sartines effrayé, voudriez-vous déconsidérer à ce point mon administration ?

— Eh ! vous laissez bien déconsidérer la mienne, dit la comtesse en riant. Mais, attendez donc.

— J’attends.

— Mes drôles se sont mis à la besogne, et ils ont composé, comme on compose au collège, en narration, en version, en amplification, et j’ai reçu ce matin une épigramme, une chanson et un vaudeville.

— Ah ! mon Dieu !

— Effroyables tous trois. J’en régalerai ce matin le roi, ainsi que du nouveau Pater Noster que vous laissez courir contre lui, vous savez ?

« Notre père qui êtes à Versailles, que votre nom soit honni comme il mérite de l’être, votre règne est ébranlé, votre volonté n’est pas plus faite sur la terre que dans le ciel ; rendez-nous notre pain quotidien, que vos favorites nous ont ôté ; pardonnez à vos parlements qui soutiennent vos intérêts, comme nous pardonnons à vos ministres qui les ont vendus. Ne succombez point aux tentations de la du Barry, mais délivrez-nous de votre diable de chancelier.

« Ainsi soit-il ! »

— Où avez-vous encore découvert celui-là ? dit monsieur de Sartines, en joignant les mains avec un soupir.

— Eh ! mon Dieu ! je n’ai pas besoin de les découvrir, on me