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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/128

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ce digne pourvoyeur, qu’il doit avoir pris son parti maintenant, et que nous sommes maîtres du terrain.

— Mais le roi ?

— Le roi ?

— Oui.

— Sur trois points, j’ai confessé Sa Majesté.

— Le premier ?

— Le père.

— Le second ?

— La fille.

— Et le troisième ?

— Le fils… Or, Sa Majesté a daigné nommer le père un… complaisant ; sa fille, une pimbêche ; et quant au fils, Sa Majesté ne l’a pas nommé du tout, car elle ne s’en est pas même souvenue.

— Très bien ; nous voilà débarrassés de la race tout entière.

— Je le crois.

— Est-ce la peine de faire renvoyer cela dans son trou ?

— Je ne le pense pas : ils en sont aux expédients.

— Et vous dites que ce fils, à qui le roi avait promis un régiment…

— Ah ! vous avez meilleure mémoire que le roi, comtesse. Il est vrai que messire Philippe est un fort joli garçon qui vous envoyait force œillades, et des plus assassines même. Dame ! il n’est plus ni colonel, ni capitaine, ni frère de favorite ; mais il lui reste d’avoir été distingué par vous.

En disant cela, le vieux duc essayait d’égratigner le cœur de son neveu avec les ongles de la jalousie.

Mais M. d’Aiguillon ne songeait pas à la jalousie pour le moment.

Il cherchait à se rendre compte de la démarche du vieux maréchal et à distinguer le véritable motif de son retour.

Après quelques réflexions, il espéra que le vent de la faveur avait seul poussé Richelieu à Luciennes.

Il fit à madame du Barry un signe que le vieux duc aperçut dans un trumeau, tout en ajustant sa perruque, et aussitôt la comtesse invita Richelieu à prendre le chocolat avec elle.