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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/17

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— Et vous un grand imprudent, dit le magistrat en se dirigeant vers sa sonnette.

— Imprudent, pourquoi ?

— Parce que je vais vous faire arrêter.

— Allons donc ! répliqua Balsamo en faisant un pas entre la sonnette et le magistrat. Est-ce qu’on m’arrête, moi ?

— Pardieu ! que ferez-vous pour m’en empêcher, je vous le demande ?

— Vous me le demandez ?

— Oui.

— Mon cher lieutenant de police, je vais vous brûler la cervelle.

Et Balsamo sortit de sa poche un charmant pistolet monté en vermeil, et qu’on eût cru ciselé par Benvenuto Gellini, qu’il dirigea tranquillement vers le visage de M. de Sartines, qui pâlit et tomba dans un fauteuil.

— Là, dit Balsamo en attirant un autre fauteuil près de celui du lieutenant de police, et en s’asseyant ; maintenant, nous voilà assis, nous pouvons causer un peu.


CXXV

CAUSERIE.


M. de Sartines fut un instant à se remettre d’une alarme si chaude. Il avait vu, comme s’il eut voulu regarder dedans, la gueule menaçante du pistolet ; il avait même senti sur son front le froid de son anneau de fer.

Enfin, il se remit.

— Monsieur, dit-il, j’ai sur vous un avantage ; sachant à quel homme je parlais, je n’avais pas pris les précautions que l’on prend contre les malfaiteurs ordinaires.

— Oh ! monsieur, répliqua Balsamo ; voilà que vous vous irritez et que les gros mots débordent ; mais vous ne vous