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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/212

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vous connaissez l’état de mon cœur… S’il fallait aimer celui dont vous parlez, je vous dirais : « Aimez-le ! » Je me tais, Andrée : abstenez-vous.

— Alors, mon frère… il faut donc que je croie… ?

— Ma sœur, dans les grandes infortunes, l’homme entend involontairement retentir ces mots peu compris de son enfance ; « Crains Dieu !… » Oh ! oui, Dieu s’est cruellement rappelé à notre souvenir ! « Respecte ton père… » Ô ma sœur, la plus forte preuve de respect que vous puissiez donner au vôtre, c’est de l’effacer de votre souvenir.

— C’est vrai…, murmura Andrée d’un air sombre en retombant sur son fauteuil.

— Mon amie, ne perdons pas le temps en paroles inutiles ; rassemblez tous les effets qui vous appartiennent ; le docteur Louis va trouver madame la dauphine et la prévenir de votre départ. Les raisons qu’il aura alléguées, vous le savez… c’est le besoin d’un changement d’air, souffrance inexplicable… Apprêtez, dis-je, toutes choses pour le départ.

Andrée se leva.

— Les meubles ? dit-elle.

— Oh ! non : linge, habits, bijoux.

Andrée obéit. Elle rangea tout d’abord les coffres des armoires, les habits de la garde-robe où s’était caché Gilbert ; ensuite elle prit quelques écrins qu’elle s’apprêtait à mettre dans le coffre principal.

— Qu’est cela ?… dit Philippe.

— C’est l’écrin de la parure que Sa Majesté voulut bien m’envoyer, lors de ma présentation à Trianon.

Philippe pâlit en voyant la richesse du présent.

— Avec ces bijoux seuls, dit Andrée, nous vivrons partout honorablement. J’ai ouï dire que les perles seules valent cent mille livres.

Philippe referma l’écrin.

— Elles sont très précieuses, en effet, dit-il.

Et reprenant l’écrin des mains d’Andrée :

— Ma sœur, il y a encore d’autres pierreries, je crois ?