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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/213

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— Oh ! cher ami, elles ne sont pas dignes d’êtres comparées à celles-ci ; elles ornaient pourtant la toilette de notre bonne mère, il y a quinze ans… La montre, les bracelets, les pendants d’oreille sont enrichis de brillants. Il y a aussi le portrait. Mon père voulait vendre le tout, parce que, disait-il, rien n’était plus de mode.

— Voilà pourtant tout ce qui nous reste, dit Philippe, notre seule ressource. Ma sœur, nous ferons fondre les objets d’or, nous vendrons les pierreries du portrait ; nous aurons de cela vingt mille livres qui font une somme suffisante pour des malheureux.

— Mais, cet écrin de perles est bien à moi ! dit Andrée.

— Ne touchez jamais à ces perles, Andrée ; elles vous brûleraient. Chacune de ces perles est d’une nature étrange, ma sœur… elles font des taches sur les fronts qu’elles touchent…

Andrée frissonna.

— Je garde cet écrin, ma sœur, pour le rendre à qui de droit. Je vous le dis, ce n’est pas notre bien ; non, et nous n’avons pas envie d’y rien prétendre, n’est-ce pas ?

— Comme il vous plaira, mon frère, répliqué Andrée toute frissonnante de honte.

— Chère sœur, habillez-vous une dernière fois pour votre visite à madame la dauphine ; soyez bien calme, bien respectueuse, bien touchée de vous éloigner d’une aussi noble protectrice. `

— Oh ! oui, bien touchée, murmura Andrée avec émotion ; c’est une grande douleur dans mon malheur.

— Moi, je vais à Paris, ma sœur, et je reviendrai vers ce soir ; aussitôt arrivé, je vous emmènerait payez ici tout ce qui vous reste à devoir.

— Rien, rien ; j’avais Nicole, elle s’est enfuie… Ah ! j’oubliais le petit Gilbert.

Philippe tressaillit ; ses yeux s’allumèrent.

— Vous devez à Gilbert ? s’écria-t-il.

— Oui, dit naturellement Andrée, il m’a fourni de fleurs depuis le commencement de la saison. Or, comme vous me l’avez dit vous-même, parfois je fus injuste et dure envers ce