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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/238

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Puis il les remit à Gilbert.

— Et c’est de l’argent, cela ? demanda le jeune homme.

— Lis.

Gilbert jeta un avide regard sur la liasse qu’il tenait à la main, et reconnut la vérité de ce que lui disait Balsamo.

Un éclair de joie brilla dans ses yeux.

— Il serait possible ! s’écria-t-il. Mais non, une pareille générosité serait trop sublime.

— Tu es défiant, dit Balsamo ; tu as raison ; mais habitue-toi à choisir tes sujets de défiance. Prends donc ces cent mille écus, et va chez M. de Taverney.

— Monsieur, dit Gilbert, tant qu’une pareille somme m’aura été donnée sur une simple parole, je ne croirai pas à la réalité de ce don.

Balsamo prit une plume et écrivit :

« Je donne en dot à Gilbert, le jour où il signera son contrat de mariage avec mademoiselle Andrée de Taverney, la somme de cent mille écus que je lui ai remise d’avance, dans l’espoir d’une heureuse négociation.

« Joseph Balsamo. »

— Prends ce papier, va, et ne doute plus.

Gilbert reçut le papier d’une main tremblante.

— Monsieur, dit-il, si je vous dois un pareil bonheur, vous serez le dieu que j’adorerai sur la terre.

— Il n’y a qu’un Dieu qu’il faille adorer, répondit gravement Balsamo, et ce n’est pas moi. Allez mon ami.

— Une dernière grâce, monsieur ?

— Laquelle ?

— Donnez-moi cinquante livres.

— Tu me demandes cinquante livres quand tu en tiens trois cent mille entre tes mains ?

— Ces trois cent mille livres ne seront à moi, dit Gilbert, que le jour où mademoiselle Andrée consentira à m’épouser.

— Et pour quoi faire ces cinquante livres ?

— Afin que j’achète un habit décent avec lequel je puisse me présenter chez le baron.