Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/284

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— Chez lui, alors. Voilà… cette Marguerite dormait si fort, qu’elle n’aura rien entendu de ce que le docteur disait… ou que le docteur n’aura rien voulu dire.

Andrée retomba plus calme après cette terrible secousse.

Philippe congédia la nourrice et consigna la servante.

Puis, prenant une lampe, il examina soigneusement la porte voisine, trouva une porte du jardin ouverte, vit des empreintes de pas sur la neige… et suivit ces empreintes jusqu’à la porte du jardin, où elles aboutissaient.

— Des pas d’homme !… s’écria-t-il. L’enfant a été enlevé… Malheur ! malheur !


CLIX

LE VILLAGE D'HARAMONT.


Ces pas imprimés sur la neige étaient ceux de Gilbert, qui, depuis sa dernière entrevue avec Balsamo, accomplissait sa tâche de surveillant et préparait sa vengeance.

Rien ne lui avait coûté. Il avait réussi, à force de douces paroles et de petites complaisances, à se faire accepter, chérir même, par la femme de Rousseau. Le moyen était simple ; sur les trente sous par jour que Rousseau allouait à son copiste, le sobre Gilbert prélevait, trois fois la semaine, une livre, qu’il employait à l’achat d’un petit présent destiné à Thérèse.

C’était quelquefois un ruban pour ses bonnets, quelquefois une friandise, ou une bouteille de vin de liqueur. La bonne dame, sensible à tout ce qui flattait ses goûts ou son petit orgueil, se fût au besoin contentée des exclamations que poussait Gilbert à table pour louer le talent culinaire de la maîtresse de la maison.