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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/65

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depuis qu’elle en était sortie ; peut-être, par un mouvement machinal, avait-elle usurpé sur les habitudes de la vie réelle, et instinctivement avait-elle changé de place.

La première idée de Balsamo fut que Lorenza était rentrée dans le laboratoire où un instant auparavant elle l’avait accompagné.

Il entra dans le laboratoire. Au premier aspect, il paraissait vide ; mais à l’ombre du fourneau gigantesque, derrière la tapisserie d’Orient, une femme pouvait facilement se cacher.

Il souleva donc les tapisseries, il tourna donc autour du fourneau ; nulle part il ne put retrouver même la trace du passage de Lorenza.

Restait la chambre de la jeune femme, où sans doute elle était rentrée.

Cette chambre n’était une prison pour elle que dans son état de veille.

Il courut à la chambre et trouva la plaque fermée.

Ce n’était point une preuve que Lorenza ne fût point rentrée chez elle. Bien ne s’opposait, en effet, à ce que Lorenza, dans son sommeil si lucide, se fût souvenue de ce mécanisme, et, s’en souvenant, eût obéi aux hallucinations dans un rêve mal effacé dans son esprit.

Balsamo poussa le ressort.

La chambre était vide comme le laboratoire : Lorenza ne paraissait pas même y être entrée.

Alors une pensée douloureuse, une pensée qui, on s’en souvient, l’avait déjà mordu au cœur, vint chasser toutes les suppositions, toutes les espérances de l’amant heureux.

Lorenza aurait joué un rôle ; elle aurait feint de dormir, elle aurait ainsi dissipé toute défiance, toute inquiétude, toute vigilance dans l’esprit de son époux, et à la première occasion de liberté elle se serait enfuie de nouveau, plus sûre de ce qu’elle avait à faire, instruite qu’elle était par une première, ou plutôt par une seconde expérience. Balsamo bondit à cette idée et sonna Fritz.

Puis, comme au gré de son impatience Fritz tardait, il s’élança au-devant de lui et le trouva dans l’escalier dérobé.