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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/79

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CXXXIII

LE JUGEMENT.


Fritz avait bien raison, les hôtes de Balsamo n’étaient pas entrés rue Saint-Claude avec un appareil pacifique, pas plus qu’avec un extérieur bienveillant.

Cinq hommes à cheval escortaient la voiture de voyage dans laquelle les maîtres étaient venus ; cinq hommes de mine altière et sombre, armés jusqu’aux dents, avaient refermé la porte de la rue, et la gardaient, tout en paraissant attendre leurs maîtres.

Un cocher, deux laquais sur le siège de ce carrosse, tenaient sous leur manteau des couteaux de chasse et des mousquetons. C’était bien plutôt pour une expédition que pour une visite que tout ce monde était venu rue Saint-Claude.

Aussi cette invasion nocturne de gens terribles que Fritz avait reconnus, cette prise d’assaut de l’hôtel avait-elle imposé tout d’abord à l’Allemand une terreur indicible. Il avait essayé de refuser l’entrée à tout le monde, lorsqu’il avait vu par le guichet l’escorte et deviné les armes ; mais ces signes tout-puissants, irrésistible témoignage du droit des arrivants, ne lui avaient plus permis de contester. À peine maîtres de la place, les étrangers s’étaient postés, comme d’habiles capitaines, à chaque issue de la maison, sans prendre la peine de dissimuler leurs intentions malveillantes.

Les prétendus valets dans la cour et dans les passages, les prétendus maîtres dans le salon, ne présageaient rien de bon à Fritz : voilà pourquoi il avait brisé la sonnette.

Balsamo, sans s’étonner, sans se préparer, entra dans le salon que Fritz, pour faire honneur comme il le devait à tout visiteur, avait éclairé convenablement.