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LA REINE MARGOT.

En ce moment on heurta violemment à la porte du corridor.

Marguerite se leva à moitié, soutenant La Mole par dessous l’épaule.

— Qui va là ? cria-t-elle.

— Madame, Madame, c’est moi, moi ! cria une voix de femme. Moi, la duchesse de Nevers.

— Henriette ! s’écria Marguerite. Oh ! il n’y a pas de danger, c’est une amie, entendez-vous, Monsieur ?

La Mole fit un effort et se souleva sur un genou.

— Tâchez de vous soutenir tandis que je vais ouvrir la porte, dit la reine.

La Mole appuya sa main à terre, et parvint à garder l’équilibre.

Marguerite fit un pas vers la porte ; mais elle s’arrêta tout à coup, frémissant d’effroi.

— Ah ! tu n’es pas seule ? s’écria-t-elle en entendant un bruit d’armes.

— Non, je suis accompagnée de douze gardes que m’a laissés mon beau frère M. de Guise.

— M. de Guise ! murmura La Mole. Oh ! l’assassin ! l’assassin !

— Silence, dit Marguerite, pas un mot.

Et elle regarda tout autour d’elle pour voir où elle pourrait cacher le blessé.

— Une épée, un poignard ! murmurait La Mole.

— Pour vous défendre ? inutile ; n’avez-vous pas entendu ? ils sont douze et vous êtes seul.

— Non pas pour me défendre, mais pour ne pas tomber vivant entre leurs mains.

— Non, non, dit Marguerite, non, je vous sauverai. Ah ! ce cabinet ! venez, venez.

La Mole fit un effort, et soutenu par Marguerite il se traîna jusqu’au cabinet. Marguerite referma la porte derrière lui, et serrant la clef dans son aumônière : Pas un cri, pas une plainte, pas un soupir, lui glissa-t-elle à travers le lambris, et vous êtes sauvé.

Puis jetant un manteau de nuit sur ses épaules, elle alla ouvrir à son amie qui se précipita dans ses bras.

— Ah ! dit-elle, il ne vous est rien arrivé, n’est-ce pas, Madame ?