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LA REINE MARGOT.

— Non, rien, dit Marguerite, croisant son manteau pour qu’on ne vit point les taches de sang qui maculaient son peignoir.

— Tant mieux ; mais en tout cas, comme M. le duc de Guise m’a donné douze gardes pour me reconduire à son hôtel, et que je n’ai pas besoin d’un si grand cortège j’en laisse six à Votre Majesté. Six gardes du duc de Guise valent mieux cette nuit qu’un régiment entier des gardes du roi.

Marguerite n’osa refuser ; elle installa ses six gardes dans le corridor, et embrassa la duchesse, qui, avec les six autres, regagna l’hôtel du duc de Guise, qu’elle habitait en l’absence de son mari.




IX

les massacreurs.


Coconnas n’avait pas fui, il avait fait retraite. La Hurière n’avait pas fui, il s’était précipité. L’un avait disparu à la manière du tigre, l’autre à celle du loup.

Il en résulta que La Hurière se trouvait déjà sur la place Saint-Germain-l’Auxerrois, que Coconnas ne faisait encore que sortir du Louvre.

La Hurière, se voyant seul avec son arquebuse au milieu des passants qui couraient, des balles qui sifflaient et des cadavres qui tombaient des fenêtres, les uns entiers, les autres par morceaux, commença à avoir peur et à chercher prudemment à regagner son hôtellerie ; mais comme il débouchait de la rue de l’Arbre-Sec par la rue d’Averon, il tomba dans une troupe de Suisses et de chevau-légers : c’était celle que commandait Maurevel.

— Eh bien ! s’écria celui qui s’était baptisé lui-même du nom de Tueur de roi, vous avez déjà fini ? Vous rentrez, mon hôte ? et que diable avez-vous fait de notre gentilhomme piémontais ? il ne lui est pas arrivé malheur ? Ce serait dommage, car il allait bien.

T.I.
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