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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/102

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MURAT

troupes autrichiennes à Naples, à l’ambassadeur d’Angleterre et à sa femme, pour les informer de sa détention au Pizzo. Ces dépêches terminées, il se leva, marcha quelque temps avec agitation dans la chambre ; puis enfin, éprouvant le besoin d’air, il ouvrit la fenêtre. La vue s’étendait sur la plage même où il avait été arrêté.

Deux hommes creusaient un trou dans le sable au pied de la petite redoute ronde. Murat les regarda faire machinalement. Lorsque ces deux hommes eurent fini, ils entrèrent dans une maison voisine, et bientôt ils en sortirent portant entre leurs bras un cadavre. Le roi rappela ses souvenirs, et il lui sembla en effet qu’il avait, au milieu de cette scène terrible, vu tomber quelqu’un auprès de lui ; mais il ne savait plus qui. Le cadavre était complètement nu ; mais à ses longs cheveux noirs, à la jeunesse de ses formes, le roi reconnut Campana : c’était celui de ses aides-de-camp qu’il aimait le mieux. Cette scène, vue à l’heure du crépuscule, vue de la fenêtre d’une prison ; cette inhumation dans la soli-