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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/135

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maisons à peine avaient osé s’établir au sommet de la montagne où elles avaient posé leurs fondemens : aussi restaient-elles toujours hautaines et pauvres, cachant dans les nuages leurs fronts crénelés et incessamment battus par les orages de l’été et par les tempêtes de l’hiver. On eût dit des reines exilées, suivies seulement de quelques courtisans de leur infortune, et trop dédaigneuses pour s’abaisser à venir demander à la plaine un peuple et un royaume. J’ai vu de petites villes si humbles qu’elles s’étaient réfugiées au fond d’une vallée, qu’elles y avaient bâti au bord d’un ruisseau leurs fermes, leurs moulins et leurs chaumières, qu’abritées par des collines, qui les garantissaient du chaud et du froid, elles y coulaient une vie ignorée et tranquille, pareille à celle de ces hommes sans ardeur et sans ambition, que tout bruit effraie, que toute lumière éblouit, et pour lesquels il n’est de bonheur que dans l’ombre et le silence. Il y en a d’autres qui ont commencé par être un chétif village au bord de la mer et qui petit à petit, voyant les navires succéder aux barques et les vaisseaux aux navires, ont changé leurs chau-