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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/136

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mières en maisons et leurs maisons en palais ; si bien qu’aujourd’hui l’or du Potose et les diamans de l’Inde affluent dans leur port, et qu’elles font sonner leurs ducats et étalent leurs parures, comme ces parvenus qui nous éclaboussent avec leurs équipages et nous font insulter par leurs valets. Enfin il y en a encore qui s’étaient richement élevées d’abord au milieu de prairies riantes, qui marchaient sur des tapis bariolés de fleurs, auxquelles on arrivait par des sentiers capricieux et pittoresques, à qui l’on eût prédit de longues et prospères destinées, et qui tout-à-coup ont vu leur existence menacée par une ville rivale, qui, surgissant au bord d’une grande route, attirait à elle commerçans et voyageurs, et laissait la pauvre isolée dépérir lentement comme une jeune fille dont un amour solitaire tarit les sources de la vie. Voilà pourquoi on se prend de sympathie ou de répugnance, d’amour ou de haine, pour telle ou telle ville comme pour telle ou telle personne ; voilà ce qui fait qu’on donne à des pierres froides et inanimées des épithètes qui n’appartiennent qu’à des êtres vivans et humains ; que l’on dit