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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/156

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— Ne m’avez-vous pas entendu, madame ? lui dit-il en donnant à sa voix cette expression de douceur infinie à laquelle se prête si facilement la langue sicilienne : je ne vous veux aucun mal, et, bien loin de là, si vous m’accordez la demande que je viens vous faire, je vous adorerai comme une madone : vous êtes déjà belle comme la mère de Dieu, soyez bonne aussi comme elle.

— Mais enfin que me voulez-vous ? dit Gemma d’une voix tremblante encore, et comment entrez-vous ainsi chez moi à cette heure ?

— Si je vous avais demandé une entrevue à vous, noble, riche et aimée d’un homme qui est presque un roi, est-il probable que vous me l’eussiez accordée, à moi, pauvre et inconnu ? dites-le-moi, madame : d’ailleurs, eussiez-vous eu cette bonté, vous pouviez tarder à me répondre, et je n’avais pas le temps d’attendre.

— Que puis-je donc pour vous ? dit Gemma se rassurant de plus en plus.

— Tout, madame ; car vous avez entre les mains mon désespoir ou mon bonheur, ma mort ou ma vie.

— Je ne vous comprends pas ; expliquez-vous.