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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/177

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obéir comme un cheval à son cavalier, déploya sa voile et cingla vers le cap d’Aliga-Grande.

À peine eut-il vu que la barque était dans sa route, et qu’elle n’avait plus besoin de son pilote, qu’il s’occupa de son blessé, toujours évanoui. Il écarta le bournous blanc dans lequel il était enveloppé, détacha la ceinture à laquelle était passé encore son yatagan, et vit, aux dernières lueurs du soleil couchant, que la balle avait frappé entre la hanche droite et les fausses côtes, et était ressortie près de la colonne vertébrale : la blessure était dangereuse, mais n’était pas mortelle.

La brise du soir, la sensation de fraîcheur produite par l’eau de mer avec laquelle Bruno lavait la plaie, rappelèrent l’enfant à lui ; il prononça sans ouvrir les yeux quelques mots dans une langue inconnue ; mais Bruno, sachant que l’effet habituel d’un coup de feu est de causer une soif violente, devina qu’il demandait à boire et approcha de ses lèvres une fiasque pleine d’eau ; l’enfant but avec avidité, poussa quelques plaintes inarticulées,