Aller au contenu

Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par des acclamations, et au fur et à mesure que les premières balles s’épuisaient les rires devenaient moins bruyans. Quant à Pascal, appuyé triste et pensif sur sa carabine anglaise, il ne paraissait prendre aucune part à l’enthousiasme ou à l’hilarité de ses compatriotes ; enfin son tour vint ; on appela son nom ; il tressaillit et leva la tête comme s’il ne s’attendait pas à cet appel ; mais, se rassurant aussitôt, il vint prendre place derrière la corde tendue qui servait de barrière. Chacun le suivit des yeux avec anxiété : aucun tireur n’avait excité un tel intérêt ni produit un pareil silence.

Pascal lui-même paraissait sentir toute l’importance du coup de fusil qu’il allait tirer, car il se posa d’aplomb, la jambe gauche en avant, et assurant son corps sur la jambe droite, il épaula avec soin, et, prenant sa ligne d’en bas, il leva lentement le canon de sa carabine ; tout le monde le suivait des yeux, et ce fut avec étonnement qu’on le vit dépasser la hauteur de la cible, et, se levant toujours ne s’arrêter que dans la direction de la cage