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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/237

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tête. Il se souleva en s’appuyant sur sa main gauche, étendit, lentement et sans perdre de vue Bruno, la main vers la carabine, la prit entre la sous-garde et la crosse, puis resta un moment ainsi sans oser faire un mouvement de plus, effrayé des battemens de son cœur, que le bandit aurait pu entendre s’il n’avait été si profondément distrait ; enfin, voyant qu’il se livrait, pour ainsi dire lui-même, il reprit confiance, se souleva sur un genou, jeta un dernier regard sur la fenêtre, son seul moyen de retraite, appuya l’arme sur son épaule, ajusta Bruno en homme qui sait que sa vie dépend de son sang-froid et lâcha le coup.

Bruno se baissa tranquillement, ramassa quelque chose à ses pieds, regarda l’objet à la lumière, et se retournant vers le brigadier muet et stupide d’étonnement :

— Camarade, lui dit-il, quand vous voudrez tirer sur moi, prenez des balles d’argent, ou sans cela, voyez, elles s’aplatiront comme celle-ci. Au reste, je suis bien aise que vous