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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/309

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accent d’affection toute paternelle, non, cela me regarde seul. Je ne veux pas unir ainsi ta destinée à la mienne ; je ne veux pas t’entraîner où je vais. Tu es jeune, rien n’a poussé encore ta vie hors de la voie ordinaire ; crois-moi, reste dans le chemin battu par les hommes.

— Père, dit le jeune homme avec sa voix douce, pourquoi ne veux-tu pas que je te défende comme Lionna t’a défendu ? Tu sais bien que je n’ai que toi, et que, si tu meurs, je mourrai avec toi.

— Non point, Ali. Si je meurs, je laisserai peut-être derrière moi à accomplir sur la terre quelque mission mystérieuse et terrible que je ne pourrais confier qu’à mon enfant, il faut donc que mon enfant vive pour faire ce que lui ordonnera son père.

— C’est bien, dit Ali. Le père est le maître, l’enfant obéira.

Pascal laissa tomber sa main, Ali la prit et la baisa.

— Ne te servirai-je donc à rien, père ? dit l’enfant.

— Charge les fusils, répondit Bruno.