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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/54

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MURAT.

quante lieues à peine ; il fallait gagner la Corse, et attendre dans ses villes, dans ses montagnes ou dans ses forêts, ce que les rois décideraient relativement au sort de celui qu’ils avaient appelé sept ans leur frère.

À dix heures du soir, le roi descendit sur la plage. Le bateau qui devait l’emporter n’était pas encore au rendez-vous ; mais, cette fois, il n’y avait aucune crainte qu’il y manquât ; la baie avait été reconnue, pendant la journée, par trois amis dévoués à la fortune adverse : c’étaient MM. Blancard, Langlade et Donadieu, tous trois officiers de marine, hommes de tête et de cœur, qui s’étaient engagés sur leur vie à conduire Murat en Corse, et qui en effet allaient exposer leur vie pour accomplir leur promesse. Murat vit donc sans inquiétude la plage déserte : ce retard, au contraire, lui donnait quelques instans de joie filiale. Sur ce bout de terrain, sur cette langue de sable, le malheureux proscrit se cramponnait encore à la France, sa mère, tandis qu’une fois le pied posé sur ce