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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/69

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LA SALLE D’ARMES.

contre le frein ; enfin elle obéit. Une vague énorme, soulevée par le géant qui venait sur elle, l’emporta avec elle comme une feuille ; le brick passa à quelques pieds de sa poupe.

— Ah ! traître ! s’écria le roi, qui commença seulement à s’apercevoir de l’intention du capitaine ; en même temps il tira un pistolet de sa ceinture, en criant : À l’abordage, à l’abordage, et essaya de faire feu sur le brick ; mais la poudra était mouillée et ne s’enflamma point. Le roi était furieux, et ne cessait de crier : À l’abordage, à l’abordage.

— Oui, oui, le misérable, ou plutôt l’imbécile, dit Donadieu, il nous a pris pour des forbans, et il a voulu nous couler, comme si nous avions besoin de lui pour cela.

En effet, en jetant les yeux sur le canot il était facile de s’apercevoir qu’il commençait à faire eau. La tentative de salut que venait de risquer Donadieu avait effroyablement fatigué la barque, et la mer entrait par plusieurs écartemens de planches ; il fallut se mettre à puiser de l’eau avec les chapeaux ; ce travail dura dix heures. Enfin Donadieu fit, pour la seconde fois,