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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/68

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MURAT.

Alors le roi le héla, lui offrant une forte récompense s’il voulait le recevoir à bord avec ses trois compagnons et les conduire en Corse. Le capitaine écouta la proposition ; puis aussitôt se tournant vers l’équipage, il donna à demi-voix un ordre que Donadieu ne put entendre, mais qu’il saisit probablement par le geste, car aussitôt il commanda à Langlade et à Blancard une manœuvre qui avait pour but de s’éloigner du bâtiment. Ceux-ci obéirent avec la promptitude passive des marins ; mais le roi frappa du pied :

— Que faites-vous, Donadieu ? que faites-vous ? s’écria-t-il ; ne voyez-vous pas qu’il vient à nous ?

— Oui, sur mon âme, je le vois… Obéissez, Langlade ; alerte, Blancard. Oui, il vient sur nous, et peut-être m’en suis-je aperçu trop tard. C’est bien, c’est bien ; à moi maintenant. Alors il se coucha sur le gouvernail, et lui imprima un mouvement si subit et si violent, que la barque, forcée de changer immédiatement de direction, sembla se raidir contre lui, comme ferait un cheval