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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/96

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MURAT

que le canot qui l’avait déposé à terre était reparti. Les trois navires qui composaient sa flottille, loin d’être restés pour protéger son débarquement, avaient repris la mer et s’éloignaient à pleines voiles. Le Maltais Barbara emportait non seulement la fortune de Murat, mais encore son espoir, son salut, sa vie : c’était à n’y pas croire à force de trahison. Aussi le roi prit-il cet abandon pour une simple manœuvre, et, voyant une barque de pêcheur tirée au rivage sur des filets étendus, il cria à ses deux compagnons : — La barque à la mer !

Tous alors commencèrent à la pousser pour la mettre à flot, avec l’énergie du désespoir, avec les forces de l’agonie. Personne n’avait osé franchir le rocher pour se mettre à leur poursuite, et leurs ennemis, forcés de prendre un détour, leur laissaient quelques instans de liberté. Mais bientôt des cris se firent entendre : Georges Pellegrino, Trenta Capelli, suivis de toute la population du Pizzo, débouchèrent à cent cinquante pas à peu près de l’endroit où Murat, Franchescetti et Campana s’épuisaient en efforts pour faire glisser