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Page:Dumas - La salle d'armes 2 Pascal Bruno, Dumont, 1838.djvu/97

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LA SALLE D’ARMES.

la barque sur le sable. Ces cris furent immédiatement suivis d’une décharge générale. Campana tomba : une balle venait de lui traverser la poitrine. Cependant la barque était à flot : le général Franchescetti s’élança dedans ; Murat voulut le suivre, mais il ne s’était point aperçu que les éperons de ses bottes à l’écuyère étaient embarrassés dans les mailles du filet. La barque, cédant à l’impulsion donnée par lui, se déroba sous ses mains, et le roi tomba les pieds sur la plage et le visage dans la mer. Avant qu’il eût le temps de se relever, la population s’était ruée sur lui : en un instant elle lui arracha ses épaulettes, sa bannière et son habit, et elle allait le mettre en morceaux lui-même, si Georges Pellegrino et Trenta Capelli, prenant sa vie sous leur protection, ne lui avaient donné le bras de chaque côté, en le défendant à leur tour contre la populace. Il traversa ainsi en prisonnier la place qu’une heure auparavant il abordait en roi. Ses conducteurs le menèrent au château ; on le poussa dans la prison commune, on referma la porte sur lui, et le roi se trouva au milieu des voleurs et des assassins, qui, ne