Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/126

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et demandèrent au gouverneur comment il voulait que du fond de leur prison ils accomplissent ce qu’ils n’avaient pu faire lorsqu’ils étaient en liberté. Mais le gouverneur leur répondit que cela ne le regardait point, que c’était à eux de maintenir la tranquillité dans leurs villages comme il la maintenait, lui, à Messine ; qu’il n’allait pas leur demander conseil, à eux, quand il avait quelque sédition à réprimer, et que par conséquent il n’avait pas de conseil à leur offrir quand ils avaient un bandit à prendre.

Les juges virent bien qu’il n’y avait pas moyen de plaisanter avec un homme doué d’une pareille logique ; chacun d’eux écrivit à sa famille, ils parvinrent a réunir une somme de 230 onces (4,000 francs à peu près) ; puis, cette somme réunie, ils prièrent le gouverneur de leur accorder l’honneur d’une seconde visite.

Le gouverneur ne se fit pas attendre. Les juges lui dirent alors qu’ils croyaient avoir trouvé un moyen de prendre Bruno, mais qu’il fallait pour cela qu’on leur permit de communiquer avec un certain Placido Tommaselli, intime ami de Pascal Bruno. Le gouverneur répondit que c’était la chose la plus facile, et que le lendemain l’individu demandé serait à Messine.

Ce qu’avaient prévu les juges arriva : moyennant la somme de 250 onces, qui fut remise à l’instant même à Tommaselli, et somme pareille qui lui fut promise pour le lendemain de l’arrestation, il s’engagea à livrer Pascal Bruno. L’approche des Français avait fait prendre des mesures extrêmement sévères dans l’intérieur de l’île : toute la Sicile était sous les armes comme au temps de Jean de Procida ; des milices avaient été organisées dans tous les villages, et les milices, armées et approvisionnées de munitions, se tenaient prêtes à marcher d’un jour à l’autre.

Un soir, les milices de Calvaruso, de Saponara et de Rometta reçurent l’ordre de se rendre vers minuit entre le cap Blanc et la plage de San-Giacomo. Comme le rendez-vous indiqué était au bord de la mer, chacun crut que c’était pour s’opposer au débarquement des Français. Or, comme peu de Siciliens partageaient les bons sentimens de Pascal Bruno a notre égard, toute la milice accourut pleine d’ardeur