Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/139

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et que son fils, dans un moment d’étrange piété, enleva avec la balle de sa carabine : l’autre contient un crâne blanchi par trente-cinq ans de soleil et de pluie ; ce crâne est celui de Pascal Bruno.

Une fenêtre voisine de la cage a été murée pour que le crâne ne fût point enlevé ; mais Pascal était le seul de sa famille, et aucune tentative ne fui faite pour soustraire ce dernier débris à son dernier châtiment.

Du reste, le souvenir du bandit était aussi vivant dans le village que s’il était mort de la veille. Une douzaine de paysans, ayant appris la cause de notre voyage à Bauso, nous accompagnaient dans notre exploration, et, paraissant tout fiers que la réputation de leur compatriote eût traversé la mer, ajoutaient, chacun selon ses souvenirs personnels ou les traditions orales, quelques traits caractéristiques de cette vie aventureuse et excentrique, et qui venaient se joindre comme une broderie fantasque et bariolée à la sévère esquisse historique tracée sur mon album par le notaire de Calvaruso. Parmi cette suite que nous traînions après nous, était un vieillard de soixante-quatorze ans : c’était le même à qui Pascal Bruno avait fait rendre les 25 onces ; aussi par lait-il du bandit avec enthousiasme, et nous assura-t-il que, depuis l’époque de sa mort, il faisait dire tous les ans une messe pour lui. Non pas, ajouta-t-il, qu’il en ait besoin ; car, à son avis, si celui-là n’était pas en paradis, personne n’avait le droit d’y être.

Du château baronial nous nous enfonçâmes à gauche et à travers terres, en suivant un sentier tracé au milieu d’une plantation d’oliviers ; au bout d’un quart d’heure de marche à peu près, nous nous trouvâmes dans une petite plaine circulaire dont la forteresse de Castel-Novo formait le centre. C’était là le palais de Pascal Bruno.

La forteresse est dans un état de délabrement qui correspond à peu près à celui où se trouve la maison de Pascal Bruno. Abandonnée par l’intendant du comte, elle ne fut tarnais, depuis la mort du bandit, occupée par aucun membre ni aucun serviteur de cette noble famille. Aujourd’hui, une pauvre femme en haillons et quelques enfans à moitié nus y ont trouvé un asile et en habitent un coin ; vivant là, comme des