Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/155

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que les scènes dramatiques peut-être, décidé du succès de l’ouvrage.

Au bout de six jours, le vent soutenait le défi et n’avait pas changé. Ne voulant rien changer à notre décision, nous résolûmes donc de partir le matin du septième, et nous fîmes dire au capitaine de revenir pour arrêter un itinéraire avec nous. Non-seulement le capitaine revint, mais encore il ramena tout l’équipage ; les braves gens n’avaient pas voulu nous laisser partir sans prendre congé de nous. Vers les trois heures, nous les vîmes en conséquence arriver dans la chaloupe. Aussitôt je donnai l’ordre à Giovanni de se procurer tout ce qu’il pourrait réunir de vivres, et à Philippe, qui était de garde avec lui, de préparer sur le pont une table ; quant au dessert, je me doutais bien que nous n’aurions pas besoin de nous en occuper, attendu que chaque fois que nos matelots revenaient du village ils rapportaient toujours avec eux les plus beaux fruits de leurs jardins.

Quoique pris au dépourvu, Giovanni se tira d’affaire avec son habileté ordinaire : au bout d’une heure et demie, nous avions un dîner fort comfortable. Il est vrai que nous avions affaire à des convives indulgens.

Après le dîner, auquel assista une partie de la population de San-Giovanni, on enleva les tables et on parla de danser la tarentelle. J’eus alors l’idée d’envoyer Pietro par le village afin de recruter deux musiciens, un Auteur et un joueur de guitare : un instant après j’entendis mes instrumentistes qui s’approchaient, l’un en soufflant dans son flageolet, l’autre en raclant sa viole ; le reste du village les suivait. Pendant ce temps, Giovanni avait préparé une illumination générale ; en cinq minutes le speronare fut resplendissant.

Alors je priai le capitaine d’inviter ses connaissances à monter sur le bâtiment : en un instant nous eûmes à bord une vingtaine de danseurs et de danseuses. Nous juchâmes nos musiciens sur la cabine, nous plaçâmes à l’avant une table couverte de verres et de bouteilles, et le raout commença, à la grande joie des acteurs et même des spectateurs.

La tarentelle, comme on se le rappelle, était le triomphe de Pietro : aussi aucun des danseurs calabrais n’essaya-t-il