Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/236

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pont, et nous vînmes demander l’hospitalité à l’hôtel patronisé par le spoliateur du Panthéon et le destructeur de Rome.


COSENZA.

Au premier abord, nous crûmes l’hôtel abandonné comme les maisons que nous avions rencontrées sur la route. Nous parcourûmes tout le rez-de-chaussée et tout le premier sans trouver ni maître ni domestiques à qui adresser la parole : la plupart des carreaux des fenêtres étaient cassés, et peu de meubles étaient à leur place. Nous comprîmes que ce désordre était le résultat de la catastrophe qui agitait en ce moment les Cosentins, et nous commençâmes a craindre de ne point avoir encore trouvé là l’Eldorado que nous nous étions promis.

Enfin, après être montés du rez-de-chaussée au premier, et être redescendus du premier au rez-de-chaussée sans rencontrer une seule personne, nous crûmes entendre quelque bruit au-dessous de nous. Nous enfilâmes un escalier qui nous conduisit à une cave, et, après avoir descendu une douzaine de marches, nous nous trouvâmes dans une salle souterraine éclairée par cinq ou six lampes fumeuses, et occupée par une vingtaine de personnes.

Je n’ai jamais vu d’aspect plus étrange que celui que présentait cette chambre, dont les habitans formaient trois groupes bien distincts. Le premier se composait d’un chanoine qui, depuis huit jours que durait le tremblement de terre, n’avait pas voulu se lever ; il était dans un grand lit emboîté à l’angle le plus profond de la salle, et il avait près de lui quatre campieri qui veillaient sans cesse leur fusil à la main. En face du lit était une table où des marchands de