Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/237

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bestiaux jouaient aux cartes. Enfin, sur un plan plus rapproché de la porte, un troisième groupe mangeait et buvait ; des provisions de pain et de vin étaient entassées dans un coin, afin que, si la maison s’écroulait sur ses habitais, ils ne mourussent ni de faim ni de soif en attendant qu’on leur portât secours. Quant au rez-de-chaussée et au premier, ils étaient, comme nous l’avons dit, complètement abandonnés»

A peine les garçons de l’hôtel nous eurent-ils aperçus sur le pas de la porte qu’ils accoururent à nous, non point avec la politesse naturelle de l’espèce à laquelle ils appartiennent, mais au contraire avec un air rébarbatif qui ne promettait rien de bon. En effet, au lieu des offres et des promesses ordinaires qui vous accueillent sur le seuil des auberges, c’était un interrogatoire en règle qui nous attendait. On nous demanda d’où nous venions, où nous allions, qui nous étions, comment nous voyagions, et à l’imprudence que nous eûmes d’avouer que nous arrivions avec un guide et un seul mulet, on nous répondit qu’à l’hôtel du Repos d’Alaric on ne logeait pas les voyageurs à pied. J’avais grande envie de rosser vigoureusement le drôle qui nous faisait cette réponse ; mais Jadin me retint, et je me contentai de tirer de ma poche la lettre que le fils du général Nunziante m’avait donnée pour le baron Mollo.

— Connaissez-vous le baron Mollo ? dis-je au garçon.

— Est-ce que vous connaissez le baron Mollo ? demanda celui auquel je m’adressais d’un ton infiniment radouci.

— Il n’est pas question de savoir si je le connais, moi ; il s’agit de savoir si vous le connaissez, vous.

— Oui... monsieur.

— Est-il en ce moment à Cosenza ?

— Il y est... Excellence.

— Portez-lui cette lettre à l’instant même, et demandez-lui à quelle heure il pourra recevoir les deux gentilshommes qui l’ont apportée. Peut-être nous trouvera-t-il un hôtel, lui.

— Mille pardons, Excellence ; si nous eussions su que Leurs Excellences eussent l’honneur de connaître le baron Mollo, ou plutôt que le baron Mollo eût l’honneur de connaître Leurs Excellences, certainement qu’au lieu de répondre