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15 centimes le Numéro
1er Mai 1859
No 16

LE CAUCASE
JOURNAL DE VOYAGES ET ROMANS
PARAISSANT TOUS LES JOURS

Nous commençons notre publication par le voyage d’ALEXANDRE DUMAS au Caucase.
Cette première publication de notre Journal, entièrement inédite, sera complète en trente numéros pour lesquels on s’abonne chez Jaccottet, rue Lepelletier, 31, et pour la vente, chez Delavier, rue Notre-Dame-des-Victoires, 11.

Le Tatar se retourna, et regardant l’enfant avec un sourire triste, il lui adressa à son tour quelques paroles qui avaient évidemment pour but de lui demander le sens de celles qu’il venait de prononcer dans une langue étrangère.

L’enfant lui expliqua mon désir, ou plutôt le désir qu’il m’avait suggéré, de savoir pourquoi Mirza-Ali tremblait.

Le Tatar obéit sans question, sans périphrase, sans préambule.

Voici pourquoi Mirza-Ali tremblait.

Le général Rosen bloquait Guimry, la patrie de Chamyll ; nous avons raconté le blocus et le siége de cette ville au commencement de notre récit. Le baron Rosen avait trente-six mille hommes, Kasi-Moullah en avait quatre cents. Le blocus dura trois semaines ; l’assaut douze heures. Kasi-Moullah et ses quatre cents hommes furent tués. Chamyll seul se sauva miraculeusement. Nous avons dit que de là date son influence sur les montagnards.

Mais on n’en était pas encore à la prise de Guimry ; on n’en était qu’au blocus. Kasi-Moullah, qui était d’un caractère jovial, fit demander au général Rosen s’il lui permettrait de passer pour aller faire à la Mecque un pèlerinage qu’il avait voté.

Le général Rosen répondit qu’il ne pouvait prendre sur lui de donner aucune autorisation de ce genre, mais qu’il pouvait en référer au prince Paskevitch, lieutenant de l’empereur au Caucase.

Le lendemain, nouveau message de Kasi-Moullah.

Il demandait cette fois si, dans le cas où il obtiendrait la permission de faire ce pèlerinage, il pourrait le faire avec une escorte.

Le surlendemain, troisième message.