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15 centimes le Numéro
26 Avril 1859
No 11

LE CAUCASE
JOURNAL DE VOYAGES ET ROMANS
PARAISSANT TOUS LES JOURS

Nous commençons notre publication par le voyage d’ALEXANDRE DUMAS au Caucase.
Cette première publication de notre Journal, entièrement inédite, sera complète en trente numéros pour lesquels on s’abonne chez Jaccottet, rue Lepelletier, 31, et pour la vente, chez Delavier, rue Notre-Dame-des-Victoires, 11.

— Après ? vous avez à Schumaka une excellente maison de couronne et un excellent homme, le commandant de la ville. À Noukha vous avez le prince Tarkanoff, ce qu’en France vous appelez, je crois, un gaillard à poils. Il vous montrera une bague en diamant que l’empereur lui a donnée en échange de vingt-deux têtes de bandits qu’il a eu l’honneur de lui offrir. Que voulez-vous, la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a. Embrassez en passant pour moi son fils, un enfant de douze ans, qui parle français comme vous, et vous verrez quelle merveille d’intelligence est ce charmant bonhomme-là. À Tsarske-Kalatzi vous avez le prince Melikoff et le comte Toll, qui vous donneront des chevaux pour aller voir un des cent palais ruinés de la reine Tamara. Enfin, à Tiflis vous descendrez chez votre consul, le baron de Finot. Je ne sais pas si c’est le premier consul que la France ait eu à Tiflis, mais à coup sûr c’est le seul. Là, vous vous trouverez en plein boulevard de Gand. Passé Tiflis, cela ne me regarde plus, c’est l’affaire des autres.

— Et tout ce monde-là est prévenu ?

— Il y a trois jours qu’un courrier est parti. D’ailleurs, vous avez avec vous, jusqu’à Bakou, un nouker chargé de veiller à ce que rien ne vous manque sur la route. À Bakou il vous sera renouvelé jusqu’à Schumaka, et à Schumaka jusqu’à Noukha.

Il n’y a vraiment pas de reconnaissance possible pour de pareils soins, et comme le dit si philosophiquement notre ami Nestor Roqueplan, on ne peut s’en acquitter que par l’ingratitude.

J’attendrai une autre occasion pour profiter du conseil.

Enfin nous partîmes. Nos papacks se dirent encore adieu longtemps, quand nos voix ne pouvaient plus échanger de paroles.