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Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/178

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— Vous ne me présenterez pas à ces messieurs, et s’ils demandent à m’être présentés, vous me préviendrez.

En ce moment le comte sentit qu’on lui posait la main sur le bras ; il se retourna, c’était Danglars.

— Ah ! c’est vous, baron ! dit-il.

— Pourquoi m’appelez-vous baron ? dit Danglars ; vous savez bien que je ne tiens pas à mon titre. Ce n’est pas comme vous, vicomte ; vous y tenez, n’est-ce pas, vous ?

— Certainement, répondit Albert, attendu que si je n’étais pas vicomte, je ne serais plus rien, tandis que vous, vous pouvez sacrifier votre titre de baron, vous resterez encore millionnaire.

— Ce qui me paraît le plus beau titre sous la royauté de Juillet, reprit Danglars.

— Malheureusement, dit Monte-Cristo, on n’est pas millionnaire à vie comme on est baron, pair de France ou académicien ; témoin les millionnaires Franck et Poulmann, de Francfort, qui viennent de faire banqueroute.

— Vraiment ? dit Danglars en pâlissant.

— Ma foi, j’en ai reçu la nouvelle ce soir par un courrier ; j’avais quelque chose comme un million chez eux ; mais, averti à temps, j’en ai exigé le remboursement voici un mois à peu près.

— Ah ! mon Dieu ! reprit Danglars, ils ont tiré sur moi pour deux cent mille francs.

— Eh bien, vous voilà prévenu ; leur signature vaut cinq pour cent.

— Oui, mais je suis prévenu trop tard, dit Danglars, j’ai fait honneur à leur signature.

— Bon ! dit Monte-Cristo, voilà deux cent mille francs qui sont allés rejoindre…

— Chut ! dit Danglars ; ne parlez donc pas de ces choses-là… Puis, s’approchant de Monte-Cristo… surtout